lunes, octubre 22, 2018

Blaise Cendrars / Hotel Notre-Dame
















He regresado al Quartier
Como en los tiempos de mi juventud
Creo que es inútil
Porque nada en mí revive ya
De mis sueños de mis desesperos
De lo que hice a los dieciocho años

Están demoliendo manzanas enteras
Cambiaron el nombre de las calles
Saint-Severin está desnuda
La plaza Maubert es más grande
Y la calle Saint-Jacques se ensancha
Me parece mucho más hermoso
Nuevo y más antiguo a la vez

Así es que tras hacerme volar
La barba y el pelo muy corto
Llevo un rostro de hoy
Y el cráneo de mi abuelo

Es por eso que no lamento nada
Y llamo a los que demuelen
Echad mi infancia por tierra
Mi familia y mis hábitos
Poned una estación en su lugar
O dejad un terreno baldío
Que despeje mi origen
Yo no soy el hijo de mi padre
Y sólo quiero a mi bisabuelo

Me he hecho un nombre nuevo
Visible como un cartel azul
Y rojo montado sobre un andamio
Detrás del cual edifican
Las novedades de mañana

Frédéric-Louis Sauser, Blaise Cendrars (La Chaux-de-Fonds, Suiza, 1887-París, 1961), Du monde entier au cœur du monde, (1957), Claude Leroy, ed., Gallimard, París, 2006
Traducción de Eduardo Conde

Ref.:
Paris Review
Letras Libres
The Clinic

Foto: Blaise Cendrars, 1953 AFP/SWI


HÔTEL NOTRE-DAME

Je suis revenu au Quartier 
Comme au temps de ma jeunesse 
Je crois que c'est peine perdue 
Car rien en moi ne revit plus 
De mes rêves de mes désespoirs 
De ce que j'ai fait à dix-huit ans

On démolit des pâtés de maisons 
On a changé le nom des rues 
Saint-Séverin est mis à nu 
La placé 
Maubert est plus grande 
Et la rue 
Saint-Jacques s'élargit 
Je trouve cela beaucoup plus beau 
Neuf et plus antique à la fois

C'est ainsi que m'étant fait sauter 
La barbe et les cheveux tout court 
Je porte un visage d'aujourd'hui 
Et le crâne de mon grand-père

C'est pourquoi je ne regrette rien 
Et j'appelle les démolisseurs 
Foutez mon enfance par terre 
Ma famille et mes habitudes 
Mettez une gare à la place 
Ou laissez un terrain vague 
Qui dégage mon origine

Je ne suis pas le fils de mon père 
Et je n'aime que mon bisaïeul 
Je me suis fait un nom nouveau 
Visible comme une affiche bleue 
Et rouge montée sur un échafaudage
Derrière quoi on édifie
Des nouveautés des lendemains

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