Pasajes de Herodoto
Las hormigas del desierto menos grandes
Que los perros, más grandes
Que los zorros cavan la arena
Mezclada con oro.
Traen el oro a la superficie.
Se lo recoge con bolsas.
*
Mido mi ruta con los astros.
Y el sol a la derecha o bien a la izquierda,
Voy tan lejos como puedo.
No puedo ver todo. Me cuentan
Lo que hacen los hombres, cómo
Las ciudades conquistadoras mueren
Por no haber comprendido al oráculo.
El mundo se puede medir, pero de pronto
Un desierto, o el agua o la noche eterna
Se interponen y nadie sabe
Cómo alcanzar los límites.
*
Hacia algún horizonte al que avanzo
Cuanto más lejos voy, más extrañas las costumbres,
Demesurados los animales.
Sólo hay un lugar sobre la tierra en el que las serpientes que vuelan
Se reúnen — y es en el extremo.
Los hombres ya no son los mismos
Cuando están en el borde de un espacio
Infranqueable.
Ya no viven en ciudades.
Lo que me dijeron de ellos no siempre es creíble.
Unos levantan chozas
De sal rosa. Los hay
Con un solo ojo, o nacen calvos.
Otros poseen al fénix
Cuyas alas doradas y rojas
Se abren dos veces cada mil años.
Otros cazan saltamontes
Que mezclan con su leche
Y otros que no tienen ningún nombre
Insultan al sol.
*
Estas son las cosas que sé
Respecto de los que recogen el oro.
Comen los pescados crudos
Sacados de los pantanos.
O carne cruda. Matan
A los enfermos. Antes de que la carne
Privada de grasa haya cesado de ser sabrosa.
Otros no matan a nada vivo.
No siembran, se alimentan
Con una semilla hervida. Y si alguno
De entre ellos se enferma va a extinguirse a lo lejos.
Nadie se preocupa más
Ni de su muerto, ni de su enfermedad.
*
Esos hombres eyaculan
Una simiente negra.
Sé también que después de ellos
El universo es de arena.
de Les Villes ouvertes (1963)
Jean Tortel (Saint-Saturnin-lès-Avignon, 1904-Avignon, 1993)
Versión de Jorge Fondebrider
Passages d´Herodote
Les fourmis du désert moins grosses/ Que les chiens, plus grosses/ Que les renards creusent le sable/ Mélangé d'or.// Elles ramènent l'or à la surface./ On le ramasse avec des sacs.
Je mesure ma route aux astres./ Et le soleil à droite ou bien à gauche,/ Je vais aussi loin que je peux.// Je ne peux pas tout voir. On me raconte/ Ce que font les hommes, comment/ Les cités conquérantes meurent/ Pour n'avoir pas compris l'oracle.// Le monde est mesurable, mais soudain/ Un désert, ou de l'eau ou la nuit éternelle/ S'interposent et nul ne sait/ Comment parvenir aux limites.
Vers quelque horizon que j'avance/ Plus loin je vais, plus sont étranges les façons,/ Démesurés les animaux./ Il n'est qu'un lieu sur terre où les serpents qui volent/ Se rassemblent — et c'est au bout.// Les hommes ne sont plus les mêmes/ Quand ils sont au bord d'un espace/ Infranchissable.// Ils ne vivent plus en cités./ Ce qu'on m'en dit n'est pas toujours croyable.// Les uns élèvent des huttes/ De sel rose. Il en est// Qui n'ont qu'un œil, ou naissent chauves./ D'autres possèdent le phénix/ Dont les ailes dorées et rouges/ S'ouvrent deux fois tous les mille ans.// D'autres chassent les sauterelles/ Qu'ils mêlent à leur lait/ Et d'autres qui n'ont point de nom/ Injurient le soleil.
Voici les choses que je sais/ Touchant ceux qui ramassent l'or.// Ils mangent les poissons crus/ Tirés des marécages./ Ou de la viande crue. Ils tuent/ Les malades. Avant que la chair/ Privée de graisse ait cessé d'être savoureuse.// D'autres ne tuent rien de vivant./ Ils ne sèment pas, se nourrissent/ D'une graine bouillie. Et si quelqu'un/ Chez eux tombe malade il va s'étendre au loin./ Nul ne se soucie plus/ Ni de sa mort, ni de sa maladie.
Ces hommes éjaculent/ Une semence noire.// Je sais encore qu'après eux/ L'univers est de sable.
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