jueves, agosto 25, 2011

Charles Baudelaire / Las joyas















Las joyas


Mi querida estaba desnuda. Conocedora de mi corazón,
no se había dejado sino sus joyas sonoras,
y este rico atavío le daba el aire triunfal
que las esclavas moras saben tener en sus días felices.

Al saltar, con la danza, su tintineo vivo, burlón,
el mundo abrillanta de metal y de piedra,
y yo caigo en el éxtasis, y yo amo con furia
las cosas en las que el sonido se funde con la luz.

Pero ahora, acostada, ella se dejaba amar,
y desde lo alto del sofá sonreía complacida
a mi amor, como el mar, profundo y dulce,
que hacia ella se alzaba como hacia su rompiente.

Los ojos fijos en mí, como un tigre domado,
con aire vago, soñador, sus poses ensayaba,
y el candor unido a la sensualidad
le daba un nuevo encanto a su metamorfosis;

y sus brazos y piernas, sus muslos y nalgas,
como untados con aceite, como un cisne ondulantes,
pasaban frente mis ojos clarividentes, serenos.
Y su vientre y sus pechos, esas uvas de mi viña,

avanzaban mimosos como Angeles del mal
para turbar el reposo en que mi alma se instalara,
para voltearla de esa roca de cristal
deonde, calma, solitaria, mi alma se había sentado.

Creí ver unidos, en inédita pintura,
las caderas de Antíope y el busto de un mancebo,
tanto hacía su talle resaltar su pelvis.
Sobre ese lienzo pardo, feroz, el sombreado era soberbio.

- Y como la lámpara se resignara a morir,
como sólo el hogar iluminaba el cuarto,
cada vez que lanzaba un suspiro de fuego
inundaba de sangre esa piel color de ámbar.

Charles Baudelaire (París, 1821-1867), Poemas eróticos, antología de Las flores del mal, traducción de Daniel Fara, Colección Traducciones del Dock, dirigida por Javier Adúriz, Ediciones del Dock, Buenos Aires, 2000


Les bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravi en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi,comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses.
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses.

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile,onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins,ces grappes de ma vignes.

s'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyais voir unis pour un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe!

- Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre!
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Ilustración: La grande odalisque, 1814, Jean Auguste Dominique Ingres

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