El gato
Ven, mi bello gato, a mi corazón amoroso;
Guarda las uñas de tus patas,
Y déjame hundirme en tus bellos ojos,
Fundidos en metal y en ágata.
Cuando mis dedos acarician ociosos
Tu cabeza y tu elástico dorso,
Y se llena de placer mi mano
De palpar tu cuerpo eléctrico,
Veo el espíritu de mi amante. Su mirada,
Como la tuya, amable bestia,
Honda y fría, hiende y corta como un dardo,
Y de los pies a la cabeza,
Un aire sutil, un perfume peligroso,
Nada en torno de su cuerpo bruno.
Los gatos
Los amantes fervientes y los sabios austeros
Aman de la misma forma, en su edad ya madura,
Los gatos fuertes, dulces, orgullo de la casa,
Friolentos como ellos, y como ellos, sedentarios.
Amigos de la ciencia y la voluptuosidad,
Auscultan el silencio y el horror de lo oscuro;
El Erebo haría de ellos fúnebres heraldos,
Si pudiera en servicia trocar su dignidad.
Adoptan cuando piensan las nobles actitudes
De las grandes esfinges en hondas soledades
Que parecen dormitar en un sueño sin fin;
Hay en sus flancos feraces mágicos reflejos,
Y rastros dorados, como de una arena fina,
Estrellas vagas prenden en sus místicos ojos...Charles Baudelaire (París, 1821-1867), Les fleurs du mal, 1857, 1861
Versiones de J.A.
Foto: Charles Baudelaire por Nadar, 1855, Wikimedia Commons
Le chat
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.
Les Chats
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;
Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
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