No debí dudar; debí acudir
debí llamar; no debí callar.
He seguido por demasiado tiempo mi camino solitario;
nunca presentí que fueras a morir.
Nunca presentí que vería agotarse
el manantial en el que una bebe y se refresca;
No comprendí que bajo la tierra yacen
frutos amargos y dulces que la muerte debe madurar.
El amor no es más que un nombre, la existencia sólo un número;
bajo la ruta del sol yo encontré tu sombra;
mis remordimientos tropiezan con los ángulos de una tumba.
La muerte, menos indecisa, te ha alcanzado.
Si piensas en nosotras tu corazón se compadece
porque una queda ciega cuando se extingue una antorcha.
Marguerite Yourcenar (Bruselas, 1903- Northeast Harbor, Maine, 1987), Les Charités d’Alcippe, Gallimard, 1929
Versión de Marina Kohon
Je n'ai su que'hésiter…
Je n’ai su qu’hésiter ; il fallait accourir ;
Il fallait appeler ; je n’ai su que me taire.
J’ai suivi trop longtemps mon chemin solitaire ;
Je n’avais pas prévu que vous alliez mourir.
Je n’avais pas prévu que je verrais tarir
La source où l’on se lave et l’on se désaltère ;
Je n’avais pas compris qu’il existe sur terre
Des fruits amers et doux que la mort doit mûrir.
L’amour n’est plus qu’un nom ; l’être n’est plus qu’un nombre;
Sur la route au soleil j’avais cherché votre ombre ;
Je heurte mes regrets aux angles d’un tombeau.
La mort moins hésitante a mieux su vous atteindre.
Si vous pensez à nous votre cœur doit nous plaindre.
Et l’on se croit aveugle à la mort d’un flambeau.
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